Publication des actes
N° XV – Colloque du 30 septembre 2017
La Maçonnerie hiramite et salomonienne
1) La mort d’Hiram et ses conséquences au Rite Français
par Jules Mérias
Sur le site même du chantier du Temple, trois compagnons assassinent leur architecte. Il est de fait que dans le récit biblique, Hiram n’est pas un architecte mais un bronzier. C’est là une clé de compréhension de notre initiation judéo-chrétienne, le rite maçonnique entretient une relation de métonymie avec le texte de la Bible. En d’autres termes, le rite maçonnique est en relation de connexité avec la Bible et cette relation consiste en un prolongement du récit biblique. L’assassinat d’Hiram dans le Temple pose un problème au roi Salomon : l’effusion de sang, au nom de laquelle Dieu interdit à David de construire le Temple, s’est produite dans le lieu où Dieu devait résider et se manifester parmi le peuple d’Israël, lieu dont Dieu était l’architecte réel. La violation de l’interdit noachite de l’effusion de sang est une catastrophe qui implique l’impossibilité pour le Nom Divin, et donc la Présence, de venir dans le Temple.
2) La maçonnerie hiramite au Rite Écossais Ancien et Accepté
par Chantal Menton
La légende d’Hiram est un mythe moderne qui confronte l’homme à la question insupportable et fondamentale de la mort depuis le XVIe siècle. Depuis les premiers maçons « acceptés », elle s’est élaborée progressivement. Elle répond à une fonction fondatrice et peut retenir, par sa nature multiforme, les modèles significatifs des actions humaines. Elle est une refonte réalisée par substitution et juxtaposition de plusieurs récits. Si les noms des protagonistes de la légende sont inspirés de la tradition juive, son scénario n’a pas d’équivalent dans les textes bibliques et son origine reste une énigme. La mort est la « manifestation » de la liberté d’Hiram qui échappe ainsi à toute emprise imposée par l’extérieur et affirme son autonomie. De sa mort se dégage des perspectives positives comme : la forfaiture des trois parjures est totalement improductive. De vaincu, il devient vainqueur ; sa mort annihile la violence, la force physique n’a pas triomphé de la force d’âme ; sa mort va ressouder les ouvriers dans une fraternité de destin avec le Maître.
3) La maçonnerie hiramite (et salomonienne) dans les rites anglais
par Jean-Bernard Lévy
Le troisième degré, quel que soit le rite maçonnique (en dehors des rites dits égyptiens, tel Memphis-Misraïm), a pour thème l’assassinat d’Hiram et son relèvement, avant l’achèvement du Temple. Et l’on sait que les degrés ultérieurs du Rite Écossais Ancien et Accepté reviendront sur les conséquences de cette mort prématurée. L’élévation au grade de Maître peut être divisée en plusieurs séquences : la mort d’Hiram, la recherche de son corps et le relèvement du nouveau Maître qui toutes, selon la légende maçonnique, se déroulent avant l’achèvement du temple de Salomon, donc avant sa consécration. Et ces épisodes n’ont aucun véritable support historique ou biblique. Il est faux de penser que les rites continentaux, R.E.A.A. et Rite Français, ont l’apanage des compléments à la légende d’Hiram et à la thématique salomonienne. Toutefois les rites anglo-saxons, Émulation et York, privilégient la construction de la crypte qui aura aussi une place considérable dans tous les rites ; mais ils ne s’intéressent pas aux conséquences de la mort d’Hiram.
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