Publication des actes
Le Noachisme
Le Noachisme demeure assez méconnu. En 1730, le manuscrit Graham présente une version maçonnique de la légende de Noé, antérieure à celle d’Hiram, qui est alors la figure emblématique du grade de maître. Trois conférenciers développent ce sujet sous un aspect différent :
1) La présence de Noé dans les divers rites et grades maçonniques
par Ywan de Ridder
Le conférencier s’interroge sur l’origine du Noachisme, dont la source biblique est bien connue, et sur sa place en Franc-Maçonnerie qui soulève plusieurs problèmes. La question principale est de savoir si cette légende diluvienne aurait servi de thème de réflexion et de morale lors des débuts du développement de la Franc-Maçonnerie avant le thème hiramique. La découverte du Manuscrit Graham, en 1936 dans le Yorkshire, accentue encore la question de savoir si la légende diluvienne fut utilisée comme thème de réflexion pour un rituel de maître avant celui d’Hiram. Si le scénario noachite précéda le scénario hiramique, on peut d’abord se demander pourquoi un tel thème, valable dans une logique mythique, fut remplacé par un assassinat motivé par de vils intérêts, qui, de surcroît, doit même servir comme thème de réflexion et de moralisation.
2) Noé ou l’éphémère devenu permanent dans certains rites et grades maçonniques
par Paul Rousseau
Nul franc-maçon ne peut ignorer le personnage biblique de Noé s’il veut connaître l’histoire de la maçonnerie en général et de la sphère noachite en particulier. Si la Société du XVIIIe siècle est baignée de Lumière, elle l’est aussi par les émanations culturelles de la Bible. Le jeu scénique de la toute jeune Franc-Maçonnerie se fonde sur les événements de l’Ancien Testament. C’est dans la nouvelle version des Constitutions d’Anderson de 1738 qu’apparaît pour la première fois le terme de Noachite qui désigne les francs-maçons. « Le mot fut utilisé en rapport avec une religion originelle qu’aurait pratiquée Noé et dans laquelle tous les hommes se reconnurent ». Le Noachisme est aussi présent dans les textes français, dont les rituels d’adoption ainsi qu’au Rite Écossais Ancien et Accepté.
3) Noé dans les loges d’adoption
par Françoise Moreillon
Le nom de Loges d’adoption est donné aux loges maçonniques qui reçoivent des femmes au XVIIIe siècle, au XIXe siècle et durant la première moitié du XXe siècle. La symbolique du rituel spécifique utilisé dans ces loges est fondée sur des récits appartenant à la Bible et plus particulièrement à la Genèse qui en est le premier livre. Le mythe de Noé, du Déluge et de l’Arche, mythe fondateur s’il en est, fait donc partie des récits évoqués dès les premiers rituels des loges d’adoption. Sa symbolique est donnée à voir et à entendre dans l’un au moins des trois premiers degrés de la quasi-totalité des rituels depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. Elle est présente également dans les hauts grades de cette tradition, au 5e degré dans le grade de Chevaliers de la Colombe ou dans celui d’Écossaise. Qui mieux que Noé peut symboliser une société harmonieuse et pacifiée ? Cet ancêtre mythique père de l’humanité postdiluvienne rassemble tous les humains au-delà de leur religion particulière. Le Noachisme est synonyme de religion naturelle et tout franc-maçon était en 1738 déclaré « Véritable Noachite ».
Ces actes ont été publiés avec ceux du séminaire du 19 novembre 2011, qui traitent de la même thématique, dans la brochure n°X.
Le conférencier retrace les différents aspects du Noachisme présents dans la tradition maçonnique britannique, dans les textes irlandais et dans le Royal Ark Mariner. Il relève qu’il existe dans les pays anglo-saxons, et en France depuis la décennie 1960-1970, un rituel typiquement noachite, indépendant, non rattaché, sinon tardivement, aux autres systèmes maçonniques. La traduction française est ambiguë : Nautonnier de l’Arche Royale ou Nautonnier de l’Arc Royal (Arche de Noé et/ou Arc en ciel de l’Alliance). Le conférencier considère que le rituel du Royal Ark Mariner, qui a été remanié plusieurs fois au cours du XIXe siècle, paraît constituer une sorte de diverticule archaïque, vestige d’un très ancien premier grade d’apprenti noachite.
Ces actes ont été publiés dans la brochure n°X avec ceux du colloque du 16 avril 2011 qui traitent de la même thématique.
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